Publié le 9 Avr 2014

La Conquête Espagnole

(1527 – 1536)

En provenance de Panama et ayant difficilement traversé les fleuves colombiens pendant des mois, Francisco Pizarro et une poignée d’aventuriers dont son fidèle lieutenant Almagro et le prêtre Valverde, accèdent à l’Océan Pacifique et touchent pour la première fois le continent sud-américain en 1527. L’endroit de leur arrivée est à l’actuel Pérou, frontalier de l’actuel Equateur, près de la ville de Tumbes, et s’appelle la Baie de St Mathieu.

Pizarro vient de découvrir le continent Sud-américain. Dans la perspective d’une conquête future de ce vaste et riche territoire, il analyse et comprend que ce prétendu « Empire Inca » est en fait une confédération de peuples en lutte les uns contre autres, divisée par une guerre civile opposant les deux fils de l’inca Huayna Capac (Huáscar, de mère cusquenienne – héritier légitime ; Atahualpa, de mère équatorienne et ayant fait coup d’état).

Pizarro comprend qu’il pourra bénéficier d’alliances, et jouer d’effet de surprise car les autochtones ne se méfient pas des Espagnols. Au contraire, les Espagnols sont bien accueillis par les « nativos » qui les prennent pour des dieux en raison des bateaux, des chevaux, des barbes, des armures… Cette thèse est confortée par le fait que les Incas auraient lu dans les constellations la limite de leur durée de vie, et le retour du Dieu Viracocha. Pizarro a également compris que le Royaume qu’il va créer sera métis, et il encourage ses hommes à avoir des petites amies indiennes.

Dans cet objectif d’une conquête future, il repart en Espagne trouver le soutien du roi Charles Quint, et est de retour en 1531.

1532- Les espagnols à la rencontre d’Atahualpa

L’Inca Atahualpa, en guerre contre son frère Huascar, est au pouvoir. Sur la route de la ville de Cajamarca où il séjourne, les Espagnols comprennent que c’est un despote. Pizarro a obtenu là avec difficulté une rencontre avec l’Inca, il prépare une embuscade qui se déclenchera au signal de ”Saint-Jacques” (patron des conquistadores).

16 novembre – La rencontre, très officielle, a lieu. Le prêtre Vicente Valverde s’avance vers le cortège impérial de 40000 hommes avec une croix en or, un rosaire (dominicain) et une bible. Il dit à l’Inca en lui tendant la Bible : “Tiens, je vais te faire entendre la parole de Dieu”… Atahualpa porte la bible à son oreille, dit :”je n’entends rien” et la jette par terre. Pizarro, furieux, va vers l’Inca et le jette au sol, la bataille éclate: les Espagnols sont vainqueurs (168 hommes armés d’arquebuse), 7000 victimes, l’Inca captif.

1533 – Athaluapa captif doit payer sa rançon en remplissant sa cellule d’or et d’argent. Pour ce faire, il doit indiquer à Hernando Pizarro les sites inca qui en sont pourvus, jusqu´au jour où les Espagnols s’aperçoivent qu’Atahualpa arrive à communiquer hors de sa cellule et faire déplacer l’or avant l’arrivée des Espagnols sur ces sites.

29 Aout – Athaluapa est exécuté pour cette trahison. Il accepte de se convertir au catholicisme pour avoir la tête tranchée et ne pas être brûlé vif. Durant l’exécution, ses femmes et de ses soeurs se suicident pour mourir avec lui.

* L’exécution est relatée par le célèbre chroniqueur Inca Garcilaso de la Vega dans « Les commentaires Royaux ».

L’Empire Inca sans « chef » est affaibli et désuni, les Espagnols en font la conquête Nord-Sud. C’est pour cette raison que le Nord et les régions côtières sont coloniales. Les Espagnols fondent des villes : Piura est la 1ère ville espagnole ; les chefs conquistadors baptisent souvent ces villes du nom de leur village natal: Trujillo, par exemple, est le nom du village de Pizarro en Extremadura…

La victoire sera totale quant les Espagnols prendrons la capitale impériale : Cusco.

1535 (Janvier) – Pizarro va concrétiser son rêve en allant créer sa capitale ouverte sur la mer : Lima.

Novembre : L’empire Inca est « définitivement » défait à Cusco par la prise par les espagnols de la « Forteresse de Sacsayhuaman ». Le prêtre Valverde en devient le 1er évêque, et l’on désigne “Manco Inca II” (un demi-frêre de Huascar) comme inca « fantoche » de représentation à Cusco.

1536 – Manco est tellement maltraité par les Espagnols, qu’il décide de se rebeller et organise une armée de 50 000 hommes. La « bataille de Cusco » dure un an, se déroule dans la Vallée Sacrée et se solde par une victoire finale espagnole après avoir obtenus des renforts pour reprendre « La forteresse de Sacsayhuaman ».

L’Artisan de la Conquista:
Francisco Pizarro (1475-1541)

Il est le conquistador qui découvrit le territoire du Pérou et permit à l’Espagne d’asseoir son pouvoir sur ce pays.

Né en Espagne dans la région d’Estrémadure, sa jeunesse fut celle d’un bâtard illettré et désargenté que rien ne prédestinait à devenir cet aventurier qui allait faire chuter l’empire inca, et fonder un royaume.

Subalterne de Vasco Nunez de Balboa lors de nombreuses expéditions dans les mers du Sud, il découvrit l’Océan Pacifique depuis l’Isthme du Darien (Panama) en 1526 quand il entreprend avec Diego Almagro la conquête du Nouveau Monde. C’est au nom du roi d’Espagne Charles Quint et débarque dans l’actuel baie de saint Mathieu (Tumbes), zone frontalière de l’actuel Equateur.

Il parvient à défaire l’empire Inca et à capturer l’empereur Atahualpa et crée la capitale du Nouveau Monde: Lima.

Pizarro sera assassiné en 1541 peu après la mort son complice Almagro, par le fils de ce dernier, Diego el Monzo Almagro.

Bartolomé de las Casas,
l’homme de la “Controverse de Valladolid”

Né à Séville en Espagne en 1474, Bartolomé de las casas arrive sur le nouveau monde en 1502. Il devient prêtre en 1513.

On lui concède une Encomienda au Pérou. Une année plus tard, il constate avec horreur les sévices que subissent les autochtones et renonce à son privilège.

Il consacrera le reste de sa vie à lutter pour les droits et le respect des autochtones et joue un rôle déterminant au procès historique connu sous le nom de « controverse de Valladolid »qui mit progressivement fin à l’esclavage.

Sa renommée est passé dans l’histoire suite au procès devant le légat du pape et au cours duquel il a reconnu que les autochtones étaient des humains crées par Dieu qui méritaient le respect du genre humain.

Il meurt en 1566 à Madrid à l’âge de 92 ans.