Cesar Vallejo
« Poète péruvien d’Avant-Garde, innovateur du langage littéraire »
César Vallejo Mendoza est né le 16 mars 1892 à Santiago de Chuco (dép.La Libertad). Ce poète d’avant-garde, est considéré comme l’un des plus grands innovateurs de la poésie du XXe siècle. Journaliste engagé dans la cause Marxiste, ses positions feront souvent obstacle à la publication de son oeuvre dont une grande partie sera édité à titre posthume. Dernier né d’une famille de onze enfants, ses parents voulaient le dédier à la prêtrise, cela explique les références bibliques et liturgiques de ses premiers poèmes. Travaillant pour payer ses études, il est en contact avec la dure réalité sociale des travailleurs. En 1910, à Trujillo, il assiste son père gouverneur et voit la pénible vie des mineurs de Quiruvilca qu’il évoquera dans son roman prolétarien « Tungstène ». En 1912, quittant l’École de Médecine de Lima, il est caissier à la plantation de sucre « Roma » dans la vallée de Chicama et voit la cruelle exploitation des Indiens. En 1913, à Trujillo, il reprend ses études de lettres et travaille comme professeur; il a pour élève, Ciro Alegria, futur grand romancier.
En 1915, il est diplômé, le sujet de sa thèse :« Le romantisme dans la poésie castillane ».
En 1916, avec de jeunes intellectuels bohèmes de Trujillo dont Antenor Orrego, Victor Raul Haya de la Torre (future président de la république), il forme le « Groupe Nord»(photo). Il publie ses premiers poèmes dans les journaux locaux, et tombe amoureux de la jeune Maria Rosa Sandoval, séduisante et intelligente qui fut la muse de certains poèmes des « Hérauts Noires ».
En 1917, il rencontre Mirth (Zoila Rosa Cuadra), âgée de quinze ans, avec qui il a une courte liaison et pour qui il aurait fait une tentative de suicide. A Lima, il obtient à l’Université de San Marcos un doctorat en Sciences Humaines et droit, et se lie d’amitié avec Abraham Valdelomar. En outre, il publie des poèmes dans la revue « Sudamericana ».
En 1918, professeur au Colegio Barros de Lima, il s’empêtre dans une liaison amoureuse avec Otilia Villanueva, âgée de 15 ans, et belle-sœur d’un de ses collègues. Il perd son poste. Otilia est une inspiratrice de plusieurs des poèmes de « Trilce ».
En 1919, il publie son recueil de poèmes « Les Hérauts noirs » empreint de modernisme, jouant de l’angoisse existentielle, de la culpabilité et la douleur : « Il ya des coups dans la vie, si durs » ou « Je suis né un jour que Dieu était malade » Peu de copies sont publiées, mais le livre est bien accueilli par la critique.
En 1920, à Santiago de Chuco, il est accusé à tort du pillage d’une maison et sera incarcéré à Trujillo pendant 112 jours. En prison, il écrit la plupart de ses poèmes et récits. Sorti de prison le 26 février 1921, il part à Lima recevoir un prix littéraire pour son conte « Par delà de la vie et la mort », ce qui lui permet de financer d’autres publications.
En Octobre 1922 sort: «Trilce», recueil de poésies d’avant-garde mais chaleureusement accueilli par la critique. « Trilce » est une référence du modernisme des années 20 et ’30 par lequel Vallejo repousse les limites de la langue espagnole en inventant des mots, en utilisant l’écriture automatique et d’autres techniques des mouvements «Dada» et «surréaliste». Il participa ainsi au renouvellement de la langue littéraire au même titre que Vicente Huidobro, les surréalistes, et James Joyce.
En 1923, il réalise son rêve de voir le « Vieux Monde » et arrive à Paris le 13 juillet. Les deux premières années, il vit misérablement de traductions et de travaux journalistiques pour « El Norte » de Trujillo, et des magazines Sud-Américains à Paris et Madrid. Il se lie avec les écrivains Juan Larrea, Vicente Huidobro; et rencontre Pablo Neruda et Tristan Tzara.
En 1925, il travaille pour le magazine « Lima mondiale ». Le gouvernement espagnol lui accorde une petite bourse d’études en droit ; mais ses séjours à Madrid sont trop périodiques et si peu studieux qu’il devra renoncer à cette bourse en octobre 1927. Il se lie à Paris avec Georgette Marie Philippart, âgée de 18 ans et vivant avec sa mère dans un appartement en face de son hôtel.
Il approfondit ses études du marxisme, et publie dans « Amauta », magazine fondé par son ami José Carlos Mariategui ( photo).
En 1928, il fait son premier voyage en Russie. De retour à Paris, il fonde la cellule Parisienne du Parti socialiste du Pérou avec José Carlos Mariategui.
En 1929, il s’installe avec Georgette qui vient d’hériter de sa mère décédée, et fait avec elle un second voyage en Russie en s’arrêtant dans de nombreuses capitales. De retour à Paris, il devient le correspondant officiel du journal « El Comercio » et continue à travailler pour le magazine « Variedad » de Lima. Durant cette première partie de son séjour à Paris, il aura écrit : « Poèmes en prose », un recueil d’essais: « Dans le secret » et un roman Inca: « Pour le royaume de Sciris »… La majorité sera publiée à titre posthume car il était plus absorbé par le journalisme.
En 1930, il se rend à Madrid pour la publication de « Trilce » marquant la découverte de sa poésie en Espagne. Il est expulsé de Paris, accusé de propagande communiste. Avec Georgette, il retourne à Madrid où il est témoins de la chute de la monarchie et la proclamation de la deuxième République espagnole (1931). Il se lie à de grands écrivains espagnols dont Federico García Lorca, Rafael Alberti…
Il publie « Tungstène » roman prolétarien ; et un livre de récits et d’essais en Russie : « Réflexions au pied du Kremlin» qui devient un best-seller, avec trois éditions en seulement quatre mois.
En Octobre 1931, il va une dernière fois en Russie pour participer au Congrès International des écrivains solidaires avec le régime soviétique. A Madrid, les éditeurs espagnols refusent de le publier à cause de ses sympathies avec le marxisme. Il commence l’écriture de « Poèmes de l’homme ».
En 1932, il retourne à Paris pour faire lever la restriction précédente. Georgette est hospitalisée pour des complications dues à des avortements.
En 1933, Vallejo écrit une série d’articles dans le « Germinal » intitulée «Qu’advient-il au Pérou ? » Il ère à travers les pensions et les hôtels à Paris, au prise avec la détresse économique.
En 1934, il épouse Georgette, et termine : « Brothers Colacho ou les présidents américains », satire sur les gouvernements latino-américains asservis à l’impérialisme américain qu’aucun éditeur n’ose publier. En 1936, la guerre civile espagnole éclate, il travaille avec enthousiasme à la fondation du « Comité ibéro-américain pour la défense de la République espagnole» et à son porte-parole, le bulletin « Nouvelle Espagne ». Il est rejoint dans cet effort par Pablo Neruda.
En Juillet 1937, il voyage en Espagne pour participer au Congrès international des écrivains antifascistes, et visite le pays. De retour à Paris, il est élu secrétaire de la section péruvienne de l’Association internationale des écrivains. »
En 1938, en poste à Paris comme professeur, il est hospitalisé pour épuisement.
Il décède le 15 avril d’une crise de malaria, dont il a souffert enfant. Son éloge funèbre est prononcé par Louis Aragon. Le 19 avril, ses restes sont transférés au cimetière de Montrouge.
En 1970, Georgette Philippart, réalise le rêve du poète en déménageant ses restes au cimetière Montparnasse et écrit son épitaphe: «J’ai beaucoup de neige, vous aurez donc le sommeil. »